samedi 17 mars 2007

Question au Ministre d'Etat chargé de l'A.T.

15 mars 2007
Excellence, Monsieur le Ministre d’Etat,

Puisque vous savez déjà tout le respect que je vous dois, j’irai à l’essentiel : s’agissant de l’UPC, vos correspondances administratives priment sur nos lois et sur des décisions de justice. Permettrez-vous à l’UPC d’aller aux élections dans une relative sérénité, ou persisterez-vous à alimenter des déchirements fratricides à des fins d’exploitation politicienne?

D’après l’article 3 de la Constitution du Cameroun « les partis et formations politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils doivent respecter les principes de la démocratie, de la souveraineté et de l’unité nationale»

En invitant les partis politiques à la présente « séance de travail » vous voudriez convaincre l’opinion nationale et internationale que vous vous souciez d’organiser des élections sereines, « libres et transparentes ». Je vous prie d’accepter mes respectueux encouragements pour cette louable intention.

Mais au-delà de cette intention, les actions que vous menez depuis 2004, et les actes administratifs que vous posez au nom du gouvernement contre l’Union des Populations du Cameroun empêcheront ce parti d’assumer sereinement son devoir constitutionnel lors des prochaines élections.

En effet, pour des raisons qui vous sont propres, et au mépris des décisions de justice en votre possession[1], vous avez ordonné à la Préfectorale du Cameroun « de n’autoriser à l’avenir que les seules demandes de réunions et manifestations publiques initiées par monsieur Augustin Frédéric Kodock pour le compte de l’UPC »[2]. Comme par hasard, votre protégé a déménagé avec les sigles de l’UPC pour vivre en concubinage politique avec le RDPC !

Mais en présentant M. Kodock et autres comme les « seuls mandataires de cette formation politique », votre Excellence s’est un peu hâtivement prévalu d’un document de l’OAPI[3] où l’UPC est enregistré comme marque « commerciale » sous le n° 48424.

Fort de votre protection ces mandataires présumés se sont arrogés le statut de titulaires propriétaires de l’UPC. Le Directeur Général de l’OAPI saisi de cette usurpation a levé toute équivoque sur son arrêté, et s’est clairement désolidarisé de l’interprétation tendancieuse, et fort abusive, qui en a été faite tant par les présumés mandataires que par le gouvernement que votre Excellence a étonnamment impliqué dans cette regrettable manoeuvre.

Il se trouve malheureusement que malgré les clarifications de l’OAPI en votre possession[4] encore une fois, votre Excellence persiste dans ce qui, de l’avis de tous, est une erreur dangereuse en laquelle on a dû vous induire. Vous n’avez pas estimé nécessaire de la rattraper ; et depuis trois ans, non seulement vous n’accordez aucune audience aux Députés UPC ici présents à ce sujet, mais leurs tournées sont régulièrement entravées par les Sous-Préfets, sur la base des correspondances où votre Excellence a ouvertement pris parti contre la loi et contre les décisions de justice. L’image qu’une telle option diffuse n’honore ni l’ambition de bonne gouvernance, ni l’intention de transparence électorale.

D’après l’article 11 de la Constitution, « le gouvernement est chargé de la mise en œuvre de la politique de la Nation telle que définie par le Président de la République ». Par considération pour le Chef de l’Exécutif, nous voudrions savoir si votre acharnement contre l’UPC – et contre les deux tiers de ses Députés est la mise en œuvre d’une nouvelle politique définie par le Président de la République, Chef de l’Etat ?

Votre confirmation nous aiderait à expliquer, à défaut de les justifier, toutes les tensions sociales et l’insécurité grandissante que votre parti pris administratif continue de créer au sein de nos populations. Car l’Administration Territoriale, sous votre responsabilité, leur apparaît comme la principale cause de troubles à l’ordre public.

D’où notre question : au nom de notre rêve commun de bonne gouvernance, permettrez-vous enfin à l’UPC d’aller aussi aux élections telles que vous les préparez ? Ou alors l’opinion nationale et internationale devra-t-elle se résigner à la démonstration de malgouvernance que donnent vos instructions partiales et partisanes sur l’UPC ?

[1] Ordonnance n° 713/C du 10 mai 2002 du Président du Tribunal de Première Instance de Yaoundé
[2] Lettre n° 000682/L/MINATD/DAP/CES du 09 mars 2004.
[3] Arrêté n° 03/1491/0API/DG/DPG/SSD/HYK du 10 novembre 2003
[4] Lettre n° 5784 OAPI/DG/DPG/SCAJ/SSD du 23 novembre 2006,