dimanche 26 novembre 2006

A propos du MOST

Trois questions á Charly Gabriel Mbock

Entretien mene par Awa Ba
(Diffusé le 1er Juillet 1999)

Dr. Charly Gabriel Mbock, anthropologue camerounais en service au ministere de la recherche scientifique et technique, et vice president du Comité intergouvernemental du Management Of Social Transformation (Most) pour la Région Afrique, nous parle de ce premier programme en sciences sociales mis sur pied par l’unesco en 1994-1995 et de l’avenir des sciences sociales dans le continent.

Q: Quels sont les objectifs du Most ?

R: Le Most est un programme de l’Unesco pour la recherche en sciences sociales. Son bureau est composé d’un président et de six vice-présidents issus de toutes les regions du monde.Dans la région Afrique, le Most se fixe comme objectif l’étude des questions relatives au multi-culturalisme, au pluralisme ethnique, l’étude des questions urbaines en relation avec la survie des populations et l’étude des rapports entre le global et le local. C’est un espace d’échanges d’informations scientifiques qui veut établir des liens entre les chercheurs et les décideurs pour la mise á la disposition de ces derniers de résultats de la recherche susceptibles de faciliter leur prise de décision. Notre ambition est d’organiser des projets sous-régionaux et régionaux qui, par une approche inter et trans-disciplinaire prend en charge des priorités de recherche pour nos pays respectifs. Cinquante deux (52) comités nationaux de liaison qui forment la région Afrique sont ainsi concernés. Une demi-douzaine de projets sont actuellement en cours.

Q: Quel bilan peut-on tirer de votre participation á la Conférence mondiale sur la science ?

R: Elle a été une formidable occasion pour rencontrer tous les collégues africains et de faire des contacts intéressants parce que nous envisageons la création d’un Réseau régional de recherche en sciences sociales. En outre, pour la premiére fois, les sciences sociales sont largement évoquées au cours d’une conférence mondiale de l’Unesco. Quoi qu’il faille admettre que ce n’est que le début d’un processus, puisqu’au départ la Conférence était seulement réservée aux sciences naturelles et exactes. A l’issue des débats, il est clairement apparu que toute recherche pose le probléme de l’Homme et de son environnement ; meme la nature est devenue une question sociale et les sciences dites naturelles ne peuvent plus faire l’économie des sciences dites sociales. A terme, c’est par la société que s’explique et se justifie la nature.

Q: Comment voyez-vous l’avenir des sciences sociales, en Afrique plus particuliérement?

R: Les recherches en sciences sociales constituent une question vitale en Afrique. Depuis les indépendances, il apparaît que les pouvoirs n'ont pas toujours rencontré les priorités des sociétés africaines si bien que le pouvoir politique soit encore incapable de se transformer en pouvoir social.

Nous avons des États et nous révons de bâtir des nations mais, il se trouve que nous n'avons pas encore bâti des sociétés parce que les pouvoirs n'ont pas toujours pris en compte les résultats des travaux des sciences sociales pour résoudre les problémes sociaux. Le défi africain est de bâtir, d’abord, des sociétés viables. Pour y arriver, il est indispensable de s’appuyer sur les analyses scientifiques qui, dans leur démarche, identifient les problémes, font une classification pour déterminer les priorités. Et, en fonction de ces derniéres, des actions peuvent étre envisagées.