dimanche 26 novembre 2006

Appel aux Militants et Sympathisants de l'UPC

Appel aux militants et sympathisants de l’UPC


Camarades de l’UPC, c’est Charly Gabriel Mbock qui a le privilège de s’adresser à vous, je vous envoie mon salut fraternel. Vous savez qu’il y a largement plus qualifié que moi pour s’adresser à chacune et à chacun d’entre vous. Le présent appel vient d’un camarade militant de base, respectueux de sa hiérarchie, qui exprime cependant le vif espoir de voir concrétiser l’option d’unité prise par les militants et sympathisants de notre parti. Je m’associe profondément au souci de redonner sa place, sa splendeur, et un destin de dignité à l’âme immortelle du peuple camerounais. A cet effet, il est important que chacun de nous se recycle ; une fois ce recyclage fait et notre foi confirmée, leur consolidation et leur mise en application ne seront plus, sans doute, qu’une question de méthode. Chacun a cependant pu se rendre compte que les divergences de méthodes peuvent diviser des parents politiques qui, pourtant, ont fait le mêmes choix, pris les mêmes risques, et parfois payer le même prix. Chacun a aussi pu constater que des disputes de procédure et de préséance peuvent obscurcir des objectifs que les Pères du nationalisme camerounais ont clairement définis et défendus avec courage jusqu’au sacrifice suprême. Chacun aura enfin eu le temps de découvrir que ceux qui vivent de querelles statutaires risquent de sacrifier la vie et le destin d’un mouvement historique à un juridisme statique dont seuls nos adversaires tirent des dividendes politiques. Il n’est pourtant guère dans notre idée, chers camarades, il n’est pas du tout dans notre idée de banaliser les textes et le respect qui leur est dû. Les textes constituent les fondements de toute organisation, mais toute organisation, pour vivre et rester vivante, doit capitaliser son passé, surtout lorsque ce passé est de gloire patriotique comme le passé de l’UPC ; ladite organisation doit surtout s’adapter à son temps pour répondre aux interpellations présentent et à venir, toujours exigeantes d’innovation et de créativité.


Heureusement ! Heureusement qu’au Cameroun nul mieux que les militants et sympathisants de l’UPC ne sait ce qu’est la mémoire combattante d’un peuple. Vous portez des blessures mal pansées, donc mal guéries, et jamais cicatrisées. Des tombes, pour ceux des martyrs qui ont pu en avoir une, des tombes nous rappellent au quotidien que des précurseurs ont œuvré à l’avènement d’un Cameroun de liberté et d’oxygène, où le Droit et la dignité du peuple ne soient pas de simples faits de discours électoralistes. Mais voici qu’en lieu et place de ce destin d’oxygène, on nous a imposé une démocratie lacrymogène. Vous n’avez pas estimé urgent d’oublier et vous avez bien raison. Celui qui ne se rappelle rien, n’appelle rien ; car tout déficit de passé génère un déficit d’avenir. Le capital de mémoire de l’UPC mérite donc d’être valoriser au mieux de la production de cet avenir pour lequel bien des femmes et bien des hommes ont sacrifié, qui sa jeunesse, qui son métier, qui sa carrière, ses amis ou sa famille, et la plupart leur vie. Nous ne pouvons prétendre honorer le sacrifice de ceux qui nous ont précédé si nous n’offrons à leur mémoire qu’une couronne de chicanes. Abel Kingué, Ernest Ouandié, Osendé Afana, Félix Moumié, Ruben Um Nyobé et j’en oublie, aucun ne reviendra plus jamais nous disputer une place dans les organigrammes de cette république à laquelle ils ont donné naissance. Pensons nous qu’ils puissent reposer en paix, comme on dit, quand il voit éparpillé un héritage qu’ils ont patiemment organisé au prix de leur vie ? Ils n’ont certes pas toujours été du même avis en tous points, l’unanisme n’est pas upéciste, mais leurs divergences de méthode n’ont jamais, mais alors jamais constitué une menace pour l’idéal collectif. Les balises valaient pour tous et devaient conduire à un objectif consensuel.


Que dire donc lorsque nous trompant de combat, et partant, d’adversaires, nous dépensons encore plus d’intelligence à entraver la marche de l’UPC qu’à restaurer sa place de mouvement fondateur de la Nation
camerounaise. Car plutôt que de partager ou de céder un rôle, certains n’ont pas hésité à livrer l’UPC à ceux-là même dont la vocation depuis des décennies est de persécuter l’UPC. L’adversaire a tiré grand avantage de nos démangeaisons internes, il les a même monté en épingle avec pour but de faire croire que les disputes internes sont la caractéristique de l’UPC, mais vous ne vous êtes pas laisser prendre.


L’organisation administrative au pouvoir présente une façade de sérénité du fait qu’elle est précisément administrative et non politique ; l’on y avance par cooptation, non par élection, ni évaluation technique. C’est à la suite d’une cooptation qu’on y devient ce qu’ils appellent « personnalité politique » ; alors on coud l’habit de bal l’après-midi même de la cooptation avant de savoir sur quelle musique on devra se trémousser le soir. Le ressort de telles organisations c’est l’appât du gain personnel. Et la peur de perdre une position gastronomique oblige les uns à se taire, les autres à feindre la cécité et la surdité, vous pensez certainement à ce trio de singes dont la devise est de ne rien voir, de ne rien entendre, et surtout de ne rien dire ! En effet, dans de telles organisations administratives on singe la politique, et ce qu’il faut bien nommer la part du singe prime sur les options humanistes dont vie la politique, telle du moins que l’entendaient nos Pères nationalistes. Ne nous y trompons donc plus, ceux qui ont investi le pouvoir administratif à titre personnel se déchirent encore plus férocement que ceux qui tentent d’accélérer l’avènement d’un pouvoir politique au Cameroun. Alors que ces derniers se battent pour s’entendre sur ce qu’il faut apporter au peuple camerounais, eux se déchirent par mésentente sur ce qu’ils ont arraché à ce peuple. Leur solidarité est de rapine, et face à une nation qu’ils ont déchu en butin ils ne sont pas unis en vérité, ils se tiennent comme il est d’usage dans toute association douteuse. Voilà pourquoi aucun d’eux n’est fier de l’aisance matérielle qu’il affiche, voilà pourquoi aucun d’eux ne semble pressé de déclarer des biens manifestement mal acquis. Les militants de l’UPC ne sauraient donc se laisser impressionner par leur simulacre d’unité ou les uns et les autres n’affichent qu’une sérénité de caméra.


De la base, car j’ai le privilège d’être militant de base, j’estime que l’avenir de l’UPC reste devant nous. La mémoire de notre histoire peut fonder l’avenir de notre victoire, à condition que l’énergie intellectuelle et physique des nôtres soit consacrée à la restauration du destin d’un mouvement qui, à lui seul, résume l’histoire politique du Cameroun. Certaines organisations à prétentions politiques ont donné le change en changeant de nom, d’autres n’ont vu le jour et n’ont relativement prospéré que pour avoir vêtu le manteau nationaliste de l’UPC, mais les baptêmes successifs de l’organisation administrative au pouvoir n’ont pu faire oublié qu’il s’agit toujours de l’Esocam, organisation artificielle que l’administration coloniale a crée de toutes pièces dans le but explicite de contrecarrer l’action de l’UPC. Quant aux patriotes saisonniers, leur nationalisme de costume n’aura duré que le temps de programmer la sécession et la partition de ce Cameroun même dont l’unification fut le cheval de bataille des Pères nationalistes. L’expérience que nous avons du paysage politique camerounais nous fonde à affirmer que si l’UPC n’innerve pas la vie politique nationale il y aura peu de chance qu’il existe une vie politique honorable au Cameroun. Il faut donc le préciser : Ce n’est pas l’UPC qui est dans l’opposition, c’est à l’UPC que les autres, que tous les autres, s’opposent. Ce sont les autres qui depuis toujours s’opposent au programme historique de l’UPC, les uns après l’avoir parasité suite à l’assassinat de ses promoteurs, bien d’autres pour l’avoir singé. En fait de vie politique, l’on est fondé à relever qu’au Cameroun le pouvoir administratif s’est obstinément substitué au pouvoir politique. Une organisation administrative détient le pouvoir de décision depuis 1958 ! Cette machine administrative s’est constamment et farouchement armée contre une vie politique véritable au Cameroun. Elle sait cependant que la politique est du côté de l’UPC, dont le programme est resté d’actualité un demi siècle durant, malgré les campagnes de persécutions et les manœuvres d’éradication. Il n’est donc pas indifférent que malgré ces pertes en ressources humaines et ces lourdes mutilations l’UPC ait célébré ces noces d’or avec le Cameroun. Quand des populations aussi férocement et aussi constamment violentées s’approprient à ce point un idéal, quand des militants molestés et mutilés assument leur vocation en l’absence du leader, alors la vie politique à des chances de commencer car la politique vit de symboles et de représentations. Les adeptes de l’UPC ont montré, en plus de 50 ans d’adversité, qu’ils n’avaient pas besoin de la présence physique de leurs leaders pour rester fidèle à leur message de liberté et de dignité. Il est aujourd’hui peu de dirigeants de nos formations partisanes et circonstancielles qui en aient l’étoffe. Cela veut dire, chers camarades, que seuls les Pères nationalistes de l’UPC ont pu accéder au statut de leader politique du fait de leur puissance de symboles et de leur incontestable représentativité politique. Un tel constat assigne des devoirs.


Le premier consiste, pour chaque upéciste, a se ressaisir pour situer son engagement politique personnel au niveau même où les leaders avaient su le hisser. Par calcul, certains adversaires ont cru pouvoir réduire l’UPC à une tribu et à une seule tribu du Cameroun. Cela arrangerait bien leur affaire qu’il en soit ainsi, mais la facilité ne semble pas avoir été le choix des Pères nationalistes. Et puisqu’il semble nécessaire de le redire, soulignons à ce propos que si Abel Kingué était un Bassa de Dschang et Ernest Ouandié un Bassa de Bafoussam, alors Félix Moumié était un Bassa de Foumban, et Ruben Um Nyobé, née Bassa de Songpeck, doit avoir été à la fois Boulou, Bamiléké, Bamoun, Moundang, Ewondo, Eton, j’en passe, lui qui a su, au-delà des ethnies, conquérir les intelligences et les cœurs de tant de filles et de tant de fils du Cameroun pour cette lutte patriotique nationale dans laquelle lui et ses compagnons ont lassé leur vie. Ceux qui produisent du brouillard autour de l’UPC pourraient à la rigueur prétendre ne pas savoir pour qui, ni pour quoi, ils tiennent à brouiller les cartes politiques du Cameroun, mais ils savent pertinemment contre quoi ils sont à l’œuvre. Heureusement, l’UPC compte suffisamment d’intelligences pour gérer ses incompréhensions et ces brouilles circonstancielles. Ils suffiraient, pour les uns et les autres, de s’oublier un peu, et c’est notre second devoir, inspiré du choix de désintéressement, que les Pères nationalistes ont fait. Nous n’aurions pas d’efforts surhumains à déployer pour tenter de les imiter. Aujourd’hui, nous nous hâtons de bâtir des immeubles, de garnir des comptes en banque, mais voilà des jeunes gens qui ont été fauchés à la fleur de l’âge, ils n’ont pas eu le temps de construire seulement leur propre maison, occupés qu’ils étaient à construire la nation. Aucun d’eux n’a laissé de comptes codés dans aucune banque, mais plutôt que d’amasser de l’argent à compter, leur ambition était de compter parmi ceux sur qui le peuple camerounais pouvait compter. Même une sépulture décente dans leur propre pays aura été refusée à la plupart d’entre eux. Mais depuis qu’ils ont été arraché à notre affection, c’est dans nos cœurs qu’ils reposent, et si l’on en croit ce penseur : « le meilleur rempart d’une nation est la poitrine de ses enfants ». Il en va sans doute des patriotes comme des patries qu’ils ont su défendre, c’est dans le cœur de leur peuple qu’ils trouvent leur mausolée.


Quelles autres leçons pouvons-nous en tirer ? Ces martyrs ne se sont pas engagés en politique pour avoir une chemise propre, une case en matériaux définitifs ou une voiture puissante ; on s’engage en politique quand on a quelque chose à donner aux populations et non quand on vise quelque chose à prendre aux populations. Et le meilleur don à faire à son peuple c’est son temps, son énergie, sa créativité, et sa vie quand il le faut. Les Pères nationalistes l’enseignent, toute raison de vivre est une raison de mourir. Et la Bible
nous confirme qu’il n’est pas de meilleure preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Nous retrouver ensemble pour célébrer ce don de la vie pour un Cameroun différent me semble aujourd’hui le plus petit commun effort qu’on puisse attendre de tous ceux qui se réclament des Pères nationalistes. Ils ont pu s’oublier, c’est sans doute pour cela qu’ils seront à jamais inoubliables. Je ne crois pas que nous soyons incapables d’honorer leur sacrifice, bien au contraire. L’UPC a fait ses preuves en bien des épreuves, les unes aussi difficiles que les autres. L’épreuve de la division est liée à des incompréhensions conjoncturelles, non à des choix politiques structurels. En effet, la vocation originelle de l’UPC est restée fondamentalement la même depuis plus d’un siècle, ce n’est pas le moindre titre de gloire de l’UPC.


Pour ma part, camarades, je frappe humblement à ta porte, car la cloche du grand ralliement à sonner. Je ne suis pas important, moi, mais il y a des choses importantes à faire, et c’est ce qui me mobilise vers vous. Le moment est venu de donner enfin une chance à l’UPC. Nos adversaires administratifs savent que cela revient de donner enfin une opportunité politique à toutes les populations du Cameroun, parce qu’ils savent, pour avoir entendu Mpodol le dire dans le maquis le 28 décembre 1955, car Mpodol le disait : « sans l’UPC notre peuple serait resté dans la complète ignorance de son statut et par cela même de son avenir. Sans l’UPC le problème kamerunais n’aurais jamais été soulevé devant les Nations Unies. Sans l’UPC le peuple kamerunais n’aurait jamais acquis la maturité politique qui lui permet de lutter efficacement aujourd’hui pour l’unité et l’indépendance immédiate de son pays. », voici ce que Mpodol disait en 55. Et l’un des plus farouches persécuteurs de l’UPC a dû le reconnaître en juillet de la même année 55 lorsqu’il déclarait que « l’élimination de l’UPC crée un vide politique au Cameroun », je vous parle de Roland Pré. Ce vide organisé et entretenu depuis 50 ans semble aujourd’hui en passe d’être comblé. L’heure que vivent les militants de l’UPC nous rappelle le message que Ruben Um Nyobé, Félix Roland Moumié, Abel Kingué et Ernest Ouandié ont conjointement signé et publié le 3 octobre 1955 à la veille d’une mission des Nations Unies au Cameroun, et que disait-il ? Il disait : « L’heure du choix, l’heure de la prise de responsabilité est venue. Il faut choisir. Le plus coupable c’est celui qui ne veut pas choisir, car se faisant il favorise le mauvais choix, qui condamnerait le peuple kamerunais à un esclavage éternel. On peut s’abstenir pour un choix ordinaire, mais les abstentions en la circonstance actuelle équivaudraient à une trahison. Il faut choisir… ». C’est donc vous dire, chers camarades, que l’avenir de l’UPC est entre les mains des filles et des fils du Cameroun, de toutes les filles et de tous les fils du Cameroun. Et pour tout vous dire, la renaissance même du Cameroun, sa renaissance politique, passe par la renaissance de l’UPC.


Voilà en quoi la dynamique unitaire que vous avez décidé de concrétiser est un processus éminemment patriotique. Elle ne concerne pas les seuls militants et sympathisants de l’UPC, cette dynamique sollicite tous les Camerounais par ses retombées positives sur l’ensemble de la vie nationale. Nul ne devrait d’ailleurs s’en étonner, avec l’UPC il s’agit toujours de l’ensemble des populations du Cameroun, sans exclusive ! Que ne ferions-nous, camarades, si ensemble le décidions vraiment ?

Que le Seigneur inspire nos pensées et nos actions.

Charly Gabriel Mbock