samedi 31 mars 2007

A propos d' Elecam (Elections Cameroon)

Intervention du 18 Décembre 2006

M. Le Président,

La présente session extraordinaire a quelque chose d’extraordinaire.

Elle est initiée par le Président de la république, et elle pose une grave question sur le destin politique, électoral et démocratique du Cameroun.

Partout dans le monde, « Président de la République, est une fonction qui mérite protection ». Il faut protéger cette institution, au-delà de la personne, et s’il le faut même contre la personne qui, à un moment donné, l’assume.

Par le texte soumis à notre examen, cette institution s’est mise en danger, toute seule. Et elle met en danger toutes les autres institutions : le Pouvoir Exécutif expose les autres Pouvoirs, le Législatif et le Judiciaire ; il expose même le reste de la nation parce que d’après ce texte, le Chef de l’Exécutif s’estime obligé de se protéger contre des élections libres, entendons contre la libre expression de la volonté du peuple – dont il est pourtant sensé tenir son mandat !

Celui qui reconnaît que le pouvoir vient du peuple est un démocrate. Celui-là ne peut plus, ne pense simplement pas à élever des murailles contre la libre expression de la volonté de ce peuple.

Celui qui reconnaît que le peuple est le véritable souverain ne rêve plus d’« apporter la démocratie » au peuple. Il ne vient à l’idée de personne de dire à une fontaine, « Je t’apporte de l’eau », puisque c’est la fontaine qui est la source même …

L’extraordinaire de notre session, c’est que par son projet de loi sur les élections, l’Exécutif national vient enfin de confirmer - à son insu - qu’au Cameroun nous ne sommes pas en démocratie, et que le pouvoir qui s’y exerce ne vient pas du peuple.

Le Chef de l’Exécutif veut bien consentir à en discuter dans un projet de loi, mais aucune application n’est envisagée de son vivant, en tout cas pas tant qu’il sera, comme on dit, « aux affaires ». Et nous comprenons qu’on vous ait donné rendez-vous dans 20 ans…

En attendant, l’Exécutif a retenu le Législatif la veille de Noël pour un cadeau au cyanure.

Ce projet de loi contraint le Parlement au suicide : l’Exécutif veut se servir des représentants du peuple pour dépouiller le peuple de sa souveraineté. Aussitôt après, le Pouvoir Exécutif exploitera ce suicide du Pouvoir Législatif pour dépouiller le Judiciaire de tout pouvoir, puisque la justice est rendue au nom d’un Peuple – que nous, les Députés aurons nous-mêmes spolié de sa souveraineté.

Au Cameroun, deux personnalités sont élues au suffrage universel : le Président de la République et le Député. Au nom de quelle démocratie le Président de la République exige-t-il des Députés qu’ils se suicident à son seul profit, et contre la souveraineté du Peuple même dont nous sommes tous sensés être les mandataires ? Quel compte rendrons-nous au peuple souverain de notre mandat de Députés une fois que nous aurons été poussés à dépouiller ce peuple de sa souveraineté ?


Je crois savoir d’où vient le vice.

Certains d’entre nous, et c’est la majorité, sont perdus entre la signature d’un Président de la République et la menace d’un Président de parti. Chez nous, l’arbitre du match électoral est dans la mêlée : il cherche aussi à marquer des buts !... Il siffle hors jeu contre l’adversaire qui va marquer et s’offre des penaltys.

Au Cameroun, l’on n’aura pas été capable de sortir de cette contradiction pour affronter la compétition. Un pays géré dans un refus aussi opiniâtre de la juste compétition électorale ne peut, en aucun cas, prétendre accéder à la compétitivité économique internationale.

M. le Président, ce projet de loi n’est pourtant pas totalement négatif. Mais alors qu’on attendait une ferme expression d’une volonté politique, l’article 42 le réduit à une simple velléité, à un demi geste. Cet article 42, laisse dire à ses défenseurs, mal inspirés mais très intéressés, que le peuple camerounais n’est pas encore préparé à la démocratie. Ce n’est pas dans l’esclavage qu’on apprend la liberté. Ce n’est pas dans la dictature qu’on apprend la démocratie. Si après 25 ans l’on n’est toujours pas préparé à la démocratie, cela signifie qu’on a été ou un mauvais élève, ou un mauvais enseignant. La vérité c’est que le Pouvoir Exécutif demeure mal préparé, en tout cas mal disposé à faire droit aux aspirations démocratiques des Camerounais.

Voilà pourquoi chez nous, c’est l’autocratie qui semble la règle, et toute embellie démocratique l’exception. Le Pouvoir Exécutif se complaît dans l’intention démocratique où par l’adverbe « progressivement », il programme de retarder le progrès du Cameroun.

Voilà pourquoi cet article 42 est une gifle donnée au peuple et à ses représentants, après celle de 1996, pour une constitution que le même Pouvoir Exécutif refuse encore d’appliquer 10 ans après.

J’aurais été heureux de voir les élus de la nation s’exprimer librement, en protection de cette souveraineté dont le peuple leur a confiée une parcelle.

J’aurais vraiment été heureux de voir les élus de la nation se prononcer au-delà des menaces partisanes. Ce n’est cependant pas mon bonheur qui importe ici. Ce qui importe c’est la démocratisation effective du Cameroun.

Si la majorité écrasante choisit d’écraser la démocratie, elle aura choisi de faire gifler et le peuple, et les représentants du peuple. Elle aura œuvré pour le dysfonctionnement des trois Pouvoirs d’Etat du Cameroun, contre la crédibilité de la République.

Je voudrais douter qu’il existe un seul Député capable de souscrire à un tel complot.

Mais si par impossible il s’en trouvait, alors ce Député devrait, en sortant de cet hémicycle, rendre son insigne, sa cocarde et son écharpe, symboles de la souveraineté d’un Peuple qu’il aura trahi.

Joyeux Noël, quand même !

Merci, M. Le Président

samedi 24 mars 2007



ELEMENTS BIO – BIBLIOGRAPHIQUES

CHARLY GABRIEL MBOCK

Né le 05 Janvier 1950
Camerounais
Père de 4 enfants
Ecrivain, Anthropologue
Directeur de Recherche

Déclare sur l’honneur que les informations qui suivent sont exactes, et au demeurant vérifiables.

I - Diplômes les plus élevés

1992 : Doctorat d’Etat ( Lettres et Sciences Humaines - Anthropologie)
«Mention Très Honorable, à l’unanimité du Jury ».

1978 : Doctorat de 3e Cycle Littérature française moderne et contemporaine
(Sorbonne Nouvelle, Paris III) «Mention Très Bien ».

II - Expérience professionnelle

Avril 2006 - Elu Membre d’honneur de ORIGEN, Association culturelle de Barcelone ( Espa-gne).

Novembre 2005 – Membre de la mission interparlementaire au Palais Bourbon (France) pour le Suivi de la Dette et le Contrôle des dépenses publiques.

Juillet 2003 - Elu à l'UNESCO, Membre du Comité du Conseil Scientifique de MOST pour l'Afrique (Mandat 2003-2007).

Juillet 2002, (depuis) Coordonnateur de POVERNET AFRICA, Réseau Régional de Recherche, Formation et Action Sociales de lutte contre la Pauvreté en Afrique de l’Ouest et du Centre, sous l’égide de l'Unesco - Most.

Juin 2002 - Elu Député à l'Assemblée Nationale du Cameroun (UPC ).
- Elu Secrétaire à la Commission des Affaires culturelles, sociales et familiales.

Mars 2001-Fév. 2003 : Rapporteur du Conseil Intergouvernemental de MOST à l'Unesco.

Janvier 2001: Promu au grade de Directeur de Recherche en Sciences Sociales et Humaines.

Septembre 1999 : Directeur p.i du Centre National de Recherche en Education.

Février 1999 : Vice-Président élu pour l’Afrique du Conseil Intergouvernemental (CIG) de MOST à l'Unesco.

Mai 1998–Fév. 1999 : Représentant du Cameroun au CIG MOST.

Janvier 1993 : Promu Maître de Recherche en Sciences Sociales (Anthropologie).

Mars 1991 (depuis) : Directeur Exécutif de l’Agence Interdisciplinaire de Recherches
Sociales et Culturelles (AGIREC).

1985 - 1993 : Chargé de cours Associé à l’Université de Yaoundé I (ESSTIC).

1986 - 1991 : Chargé de Recherche au Ministère de la Recherche Scientifique et Technique.

1980 - 1986 : Chargé de Recherche *- Chef du Service de la Recherche à l’Institut des
Sciences Humaines (ISH).

1975 - 1980 : Attaché de Recherche à l’Institut National de l’Education (INE).

III - PUBLICATIONS

Plusieurs articles et conférences scientifiques publiés dans différentes revues internationales
de Sciences Sociales

A - ESSAIS DE CRITIQUE LITTERAIRE

· 1984- Ville Cruelle d’Eza Boto, Paris, Saint Paul.

· 1978- Le Monde s’effondre de Chinua Achebe, Yaoundé Buma Kor.

B - ESSAIS DE SOCIOLOGIE POLITIQUE

· 1990- Le Défi Libéral, Paris, l’Harmattan, 214 p.
· 1985- Cameroun : l’Intention Démocratique, Yaoundé, Sopecam, , 146 p.

· 1983-Le Renouveau Camerounais : Certitudes et Défis (en collaboration), Yaoundé, ESSTIC

C – ESSAIS EN SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES

· 2006 – Haïti - Le regard de l’Afrique, Marseille, Riveneuve Editions, 233p (collaboration).

· 2004 - Les Défis sociaux de l'urbanisation en Afrique (Jalons pour humaniser la ville africaine) Essai de sociologie urbaine - AGIREC-UNESCO (Sous presse).

· 2002-Sciences sociales et Pauvreté: une vision africaine (Direction scientifique,
MINREST- UNESCO, Yaoundé, 19-22 Juin 2001), Presses Universitaires de Yaoundé, 431 p.

· 2001- Social Sciences and Innovation (collaboration), OECD, 203 p. (Chap. 15)

· 2000 -Les Conflits interethniques au Cameroun : quelles causes, quelles solutions ?
(Coordination scientifique.) SEP/ Saagraph, Yaoundé,

· 2000 -Pouvoir politique et pouvoir social en Afrique : le cas du Cameroun
Agirec / Presses Universitaires de Yaoundé,212 P.

· 1999 -Le Chant du Signe, (Essai d’Anthropologie de l’Orature)
University Press of New Orleans, USA,

· 1996 -Pluralisme Culturel et Convivialité (Coord. scientifique),
Paris, Agirec / Ed. Nouvelles du Sud, 213 p.

A paraître
· Ludologiques : Essai d’anthropologie esthétique des jeux africains (Karthala)

D – Trois romans

· Quand saigne le palmier, Yaoundé, Ed. CLE, 1978 et 1989 (2e éd.)

· La Croix du cœur, Yaoundé, Ed. CLE, 1984.

· Et tu seras ma veuve, à paraître.

E – Une Nouvelle

· Le Soupçon, Paris, Agecoop, 1980 – Lauréat du 5e Concours de la meilleure nouvelle de lan-gue française

F – CONFERENCES, COLLOQUES (INTER) NATIONAUX

2006(b) – Invité par l’Université de Paris IV- Sorbonne au Colloque international sur les littératures francophones : Figures tutélaires et Textes fondateurs ; 3-6 octobre 2006 ; communication : « Quelle africanité pour l’écriture littéraire en Afrique ? » 12p.

2006(a) – Invité par l’Unesco au Forum International sur l’Interface Sciences sociales et Politiques publiques, Buenos Aires (Argentine) 16-24 février 2006. Communication : « L’Afrique comme région scientifique : atouts et conditions ». 15p.

2005 © - Recherche scientifique et Politiques publiques en Afrique (Le cas du Cameroun) – Conférence donnée au CCF de Yaoundé, le 10 janvier 2006, à l’occasion du 60è anniversaire de l’Unesco.

2005 ( b) – Unesco – Haïti , Première république noire : un regard contemporain. Commu-nication : De Haïti à l’Afrique : du triangle au chiasme de l’esclavage, Yaoundé, Cameroun, 19-22 avril

2005 ( a) – Unesco au Forum social mondial - Communication : L’Afrique et les enjeux d’ un monde d’économie solidaire, FSM Brésil , Porto Alegre 25-31 janvier 2005

2004 (b) - UNESCO-MOST-CISS-OIT , Panel International sur la Dimension Sociale de la Mondialisation, Communication : Le Monde peut-il socialiser la mondialisation ? Unesco Paris, 7 Juillet 2004

2004 (a) - Union Africaine - Expert Unesco - Communication :"Sciences sociales et Gouver-nance en Afrique"- Addis Abéba, Ethiopie, 8-9 Mars 2004

2003- Key Note Speaker au CIG MOST, Communication: " Savoirs et Transformations sociales en Afrique"; Unesco, Paris, 19 -21 Février.

2001(d)- Table Ronde UNESCO présidée par M. Pierre Sané, DGA Unesco, à la 31ème Conférence Générale Unesco. Communication : « Le Rôle des Sciences Sociales au XXIème siècle », UNESCO, Paris, 16 Nov.

2001 ©- Coordonnateur scientifique du Colloque Régional COMRED-AOC/ UNESCO sur « Sciences sociales et Lutte contre la Pauvreté en Afrique de l’Ouest et du Centre », Yaoundé, 19-22 Juin

2001(b)- MOST Panel on Research-Policy Interaction. Presentation : Research-Policy Interaction : the African perspective, UNESCO, Paris, March 16th, 8p.

2001 (a)- Atelier Sous-Régional sur Gouvernance et Gestion participative des villes en Afrique de l’Ouest. Communication : « Recherche-Action et Gouvernance locale en Afrique : contraintes et perspectives », Dakar, Sénégal, 10-11 Mai

2000 (b)- Kick off Speaker- International Conference on Social Sciences and Innovation, Presentation : « Social sciences and the Social Development process in Africa », OECD/ United Nations University, Tokyo, Japan, 22 Nov.-3 Déc.

2000(a) - International MOST Conference on Social Sciences and Governance –
Zeist, The Netherlands, 21-22 March. Présentation: « Policy Making and Social
Sciences with respect to Women and Development: a case study of Cameroon ». 16p.

1999 (d)- Coordinateur scientifique du Premier Atelier Transdisciplinaire de recherches en Sciences Sociales au Cameroun, Yaoundé 27-28 Janvier. Communication : « La Recherche en sciences Sociales au Cameroun : de la recherche académiste à l’Ingénierie sociale »,

1999 (c)- Conférence mondiale de l’UNESCO sur la Science (Hongrie, Budapest Juin-juillet)

1999(b)- Colloque international : « les Sciences Sociales en Afrique…(Libreville, Mai)

1999 (a) Colloque international interfacultaire sur « L’Afrique face à ses défis : quelles réponses éthiques ? » Communication : « La science et l’Ethique chrétienne de productivité et de partage dans le 3ème millénaire » 15 p. Yaoundé, 9-14 Août,

1998- Atelier UNESCO sur « la Culture de la Paix et l’UNESCO », Yaoundé-Cameroun,
24-26 Nov. Communication : « Le Dialogue Interculturel » 15 p.

1996 - Organisation d'un Colloque AGIREC : « Vaincre la pauvreté en Afrique », AGIREC/ Fondation Friedrich Ebert, Yaoundé.

1995 - Organisation d'un Colloque AGIREC : Pluralisme culturel et convivialité,
AGIREC/ Fondation Friedrich Ebert/ Coopération Française, Yaoundé.

G - CONSULTANT EN SCIENCES SOCIALES SUR L’AFRIQUE AU SUD DU SAHARA.

Rapports d’Etudes Sociales en Appui au Développement pour divers Organismes internationaux

UNESCO
2006 – Séminaire Atelier de Programmation stratégique sous-régionale, Yaoundé, juin.

2006 – Rapport du Stocktaking au Cameroun pour le Projet : « Appui au développement de la
personne et du leadership en Afrique », 1er-31 Janvier 2006, 33 p. avec CD.

MISSION FRANÇAISE DE COOPERATION

- Sur la demande du Chef de Mission, Intervenant au stage d’accueil de nouveaux coopérants, Yaoundé, 19-20 octobre 1995 (cf. Lettre 675-95/Perso-A du 31 octobre 1995)

BANQUE MONDIALE

- « Vaincre la pauvreté en Afrique : l’Expérience socio-économique de l’UGICAES à Santchou » Small Grant Programme, Banque Mondiale/ AGIREC, Juillet 1998.

-1998-: « Millionnaires de la Houe » , Film Documentaire (26 mn) sur l’Expérience socio-économique des paysans de Santchou. (Projeté plusieurs fois à la télévision nationale du Cameroun).

UNICEF
Unicef-Cameroun : Stratégies d’Education. Unicef, juin 1996, 20 p.

· La Problématique de l’Enracinement socioculturel de l’éducation des filles en Afrique Centra-le,Unesco – EFA, Colloque International - Revue à mi-parcours. Fév. 1996, 16p.

Collecte et Traitement des données sur l’Education de Base au Cameroun Sept. 1996, 35p.
Rencontres Provinciales sur l’Education de Base, Unicef/ Gvt.Cam. /ROCARE, Mai 1999, 13p.
L’éducation de base dans la Province ecclésiastique de Bertoua, ROCARE, Janvier 2000, 41p.
Yaoundé, Février 2007

samedi 17 mars 2007

Question Orale au Ministre de l'Economie et des Finances

Excellence,

Le Vendredi 9 juin 2006, s’agissant des fraudes douanières liées aux importations illicites de lait au Cameroun, vous avez solennellement déclaré devant l’Assemblée nationale : « des actions énergiques ont été entreprises pour récupérer les droits de douanes compromis allant jusqu’au blocage des comptes bancaires de l’entreprise Nestlé. Les droits compromis ont été comptabilisés et acceptés d’accord-parties et le payement de ces droits est actuellement en cours et devrait s’achever au plus tard à la fin du mois de juin. C’est cette voie que nous avons suivie, la voie de l’efficacité qui nous permet de récupérer nos droits ». (cf. Procès verbal de la séance plénière, p. 25)

Nous vous sommes reconnaissant de votre intention d’efficacité, car ces droits s’élèvent à 1 925 734 736 de nos francs ! Et le Cameroun en a grand besoin en ce moment.

C’est pourquoi six (6) mois après votre engagement devant l’Assemblée nationale, et afin de nous permettre de fermer ce dossier sensible, nous vous prions de bien vouloir nous donner toute précision utile établissant qu’à ce jour, tous les droits compromis ont été récupérés au bénéfice du Trésor public.

Vos précisions nous soulageront d’une grave inquiétude : les Députés sont en effet effrayés d’apprendre, sur document, qu’au lieu de récupérer les sommes dues, votre Excellence a plutôt diligenté des missions très spécifiques auprès de Nestlé Cameroun – pour gommer sa dette de fraude envers le Trésor public. Et vos collaborateurs auraient si bien travaillé qu’ils ont déclaré nuls et sans fondements l’ensemble des cinq (5) Procès verbaux et Rapports d’expertise antérieurs, dressés sur le même dossier de fraude par leurs collègues Inspecteurs entre décembre 2001 et mai 2006.

C’est ainsi que la créance de Nestlé risque d’être annulée à…85,30%, passant de 1 925 734 736 à seulement 283 374 167 FCFA !


Excellence,

Vous savez que la Commission Européenne, partenaire privilégié du Cameroun, se préoccupe sérieusement de cette situation à travers l’Office Européen de Lutte Antifraude (OLAF).

Comment Nestlé a-t-il fait pour obtenir du Ministre de l’Economie et des Finances du Cameroun qu’en l’espace de trois mois sa créance pour fraude douanière soit pratiquement effacée, alors qu’après avoir reconnu son délit « d’accord-parties »comme vous avez déclaré, Nestlé avait déjà versé un acompte de 400 millions de nos francs dans les caisses de l’Etat... ?

Après la mission de gommage susmentionnée, ce n’est plus Nestlé qui doit de l’argent au Trésor du Cameroun. C’est nous qui devrions lui reverser un trop perçu de 116 625 833 FCFA !

Si ce n’est déjà fait, quand allons-nous honorer cette créance vis-à-vis de Nestlé ? Ou alors, Nestlé devra-t-il aussi en toute magnanimité, consentir généreusement une annulation de dette au Cameroun ?

Veuillez agréer, Excellence, l’assurance de ma parfaite considération.

Question au Ministre d'Etat chargé de l'A.T.

15 mars 2007
Excellence, Monsieur le Ministre d’Etat,

Puisque vous savez déjà tout le respect que je vous dois, j’irai à l’essentiel : s’agissant de l’UPC, vos correspondances administratives priment sur nos lois et sur des décisions de justice. Permettrez-vous à l’UPC d’aller aux élections dans une relative sérénité, ou persisterez-vous à alimenter des déchirements fratricides à des fins d’exploitation politicienne?

D’après l’article 3 de la Constitution du Cameroun « les partis et formations politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils doivent respecter les principes de la démocratie, de la souveraineté et de l’unité nationale»

En invitant les partis politiques à la présente « séance de travail » vous voudriez convaincre l’opinion nationale et internationale que vous vous souciez d’organiser des élections sereines, « libres et transparentes ». Je vous prie d’accepter mes respectueux encouragements pour cette louable intention.

Mais au-delà de cette intention, les actions que vous menez depuis 2004, et les actes administratifs que vous posez au nom du gouvernement contre l’Union des Populations du Cameroun empêcheront ce parti d’assumer sereinement son devoir constitutionnel lors des prochaines élections.

En effet, pour des raisons qui vous sont propres, et au mépris des décisions de justice en votre possession[1], vous avez ordonné à la Préfectorale du Cameroun « de n’autoriser à l’avenir que les seules demandes de réunions et manifestations publiques initiées par monsieur Augustin Frédéric Kodock pour le compte de l’UPC »[2]. Comme par hasard, votre protégé a déménagé avec les sigles de l’UPC pour vivre en concubinage politique avec le RDPC !

Mais en présentant M. Kodock et autres comme les « seuls mandataires de cette formation politique », votre Excellence s’est un peu hâtivement prévalu d’un document de l’OAPI[3] où l’UPC est enregistré comme marque « commerciale » sous le n° 48424.

Fort de votre protection ces mandataires présumés se sont arrogés le statut de titulaires propriétaires de l’UPC. Le Directeur Général de l’OAPI saisi de cette usurpation a levé toute équivoque sur son arrêté, et s’est clairement désolidarisé de l’interprétation tendancieuse, et fort abusive, qui en a été faite tant par les présumés mandataires que par le gouvernement que votre Excellence a étonnamment impliqué dans cette regrettable manoeuvre.

Il se trouve malheureusement que malgré les clarifications de l’OAPI en votre possession[4] encore une fois, votre Excellence persiste dans ce qui, de l’avis de tous, est une erreur dangereuse en laquelle on a dû vous induire. Vous n’avez pas estimé nécessaire de la rattraper ; et depuis trois ans, non seulement vous n’accordez aucune audience aux Députés UPC ici présents à ce sujet, mais leurs tournées sont régulièrement entravées par les Sous-Préfets, sur la base des correspondances où votre Excellence a ouvertement pris parti contre la loi et contre les décisions de justice. L’image qu’une telle option diffuse n’honore ni l’ambition de bonne gouvernance, ni l’intention de transparence électorale.

D’après l’article 11 de la Constitution, « le gouvernement est chargé de la mise en œuvre de la politique de la Nation telle que définie par le Président de la République ». Par considération pour le Chef de l’Exécutif, nous voudrions savoir si votre acharnement contre l’UPC – et contre les deux tiers de ses Députés est la mise en œuvre d’une nouvelle politique définie par le Président de la République, Chef de l’Etat ?

Votre confirmation nous aiderait à expliquer, à défaut de les justifier, toutes les tensions sociales et l’insécurité grandissante que votre parti pris administratif continue de créer au sein de nos populations. Car l’Administration Territoriale, sous votre responsabilité, leur apparaît comme la principale cause de troubles à l’ordre public.

D’où notre question : au nom de notre rêve commun de bonne gouvernance, permettrez-vous enfin à l’UPC d’aller aussi aux élections telles que vous les préparez ? Ou alors l’opinion nationale et internationale devra-t-elle se résigner à la démonstration de malgouvernance que donnent vos instructions partiales et partisanes sur l’UPC ?

[1] Ordonnance n° 713/C du 10 mai 2002 du Président du Tribunal de Première Instance de Yaoundé
[2] Lettre n° 000682/L/MINATD/DAP/CES du 09 mars 2004.
[3] Arrêté n° 03/1491/0API/DG/DPG/SSD/HYK du 10 novembre 2003
[4] Lettre n° 5784 OAPI/DG/DPG/SCAJ/SSD du 23 novembre 2006,

L'UPC à l'Assemblée Nationale


A Monsieur Le Président

Assemblée Nationale

Objet : Requête et candidatures de l’UPC
pour l’année législative 2006




Monsieur le Président,

Par la présente requête, nous avons l’honneur d’attirer votre haute et bienveillante attention, à effet de réparation, sur une frustration politique et administrative dont l’Union des Populations du Cameroun est victime au sein de l’Assemblée depuis le début de la septième législature.

Nous sommes d’autant plus encouragés à vous soumettre cette injustice qu’elle n’est nullement le fait de votre Excellence. Sous votre impulsion, notre Bureau sera donc à l’aise pour y apporter les correctifs appropriés.

I - LES FAITS ET DOCUMENTS PERTINENTS

En vue des élections législatives de Juin 2002, le bicéphalisme persistant en son sein a conduit l’Union des Populations du Cameroun à constituer une liste consensuelle (Pièce n°1), l’un des dirigeants s’étant résigné à ce consensus après avoir perdu un procès contre l’Etat représenté par l’Administration Territoriale.

Deux documents pertinents matérialisent le consensus ainsi obtenu : les Instructions communes des deux dirigeants de l’UPC. (Pièce n°2) et l’Accord de gestion des moyens financiers consentis à l’UPC par l’Etat du Cameroun (Pièce n° 3). Ce dernier document a le mérite de prouver que pour l’UPC, toutes directions confondues, et précisément pour cause de bicéphalisme, toute attribution de facilités devra respecter les critères de parité, d’équilibre et d’équité.

Cependant, si jusqu’ici les moyens financiers consentis aux partis politiques par l’Etat ont rigoureusement respecté ce principe, tel n’est pas encore le cas des positions au sein de l’Assemblée nationale. Comme Députés, nous nous en tiendrons à notre structure d’appartenance, les autres institutions de l’Etat relevant d’une compétence extraparlementaire, et au demeurant discrétionnaire.

II - S’AGISSANT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE …

* - Dès le début de la législature, et se prévalant de son expérience comme de sa majorité numérique, l’une des deux directions actuelles de l’UPC s’est arrogée les principales positions administratives à l’insu de l’autre partie, au mépris du consensus initial. Il nous a fallu gérer cette situation de fait accompli avec retenue, par pudeur et par respect pour l’auguste Chambre.

** - La même branche de la direction de l’UPC s’étant crue fondée à disposer des lois qui régissent l’admission d’un suppléant à l’hémicycle, la nation entière a suivi la violente cabale dont l’Honorable Soundjock Soundjock a été victime. Il a fallu que l’Assemblée Nationale affirme son respect de la légalité, son souci de justice et d’équité pour qu’en cette matière, force reste au droit de par la loi.

*** - Alors qu’ils assumaient simplement leur rôle dans l’Opposition, les Députés Soundjock Soundjock et Charly Gabriel Mbock ont été activement criminalisés et présentés par leur propre camarade Député de l’UPC comme deux dangers permanents pour les institutions de la République. Heureusement depuis 2002, donc en trois années d’exercice, le contraire semble avoir été observé, notre contribution au bon fonctionnement, à la crédibilité de l’auguste Chambre et à son rayonnement international ayant été remarquée. Au point que la Hiérarchie nous honore par moments de son bienveillant appui pour des missions ou des plaidoyers sensibles auprès des partenaires étrangers du Cameroun, dans l’intérêt supérieur et bien compris de la nation. C’est dire que si c’en était un, nous aurions passé le test de convivialité et de patriotisme en cinglant démenti des allégations et dénigrements dont nous aurons été injustement accablés.

Il s’avère cependant que depuis trois ans sur les cinq que dure la législature :

- La tête de notre liste consensuelle étant entrée au gouvernement, et son suppléant ayant, de droit, intégré l’hémicycle, la majorité numérique initiale dont l’une des branches de la direction de l’UPC s’est prévalu a changé.

- Bien plus, par simple translation, c’est à l’Honorable Charly Gabriel Mbock que revient la préséance de tête de pont de l’UPC à l’Assemblée. Le Protocole de l’Assemblée – qui ne s’y est pas trompé, l’atteste officiellement par la disposition des cartons nominatifs au sein de l’hémicycle.

- Par le privilège et le hasard de la naissance, le respectable statut de Doyen d’âge échoit, hors compétition, à l’Honorable Emmanuel Soundjock Soundjock, naguère suppléant persécuté.

- Or sans consultation de l’un ni de l’autre, et donc sans en avoir reçu mandat, l’Honorable Pierre Sende s’est autoproclamé « porte parole de l’UPC » ! Depuis trois ans, et sur la base de cette autopromotion, il adresse au Bureau de l’Assemblée un courrier secret assorti de recommandations personnalisées – au nom de ceux qu’il n’a pas consultés et manifestement à son propre et unique avantage.

- C’est en mars 2005 que nous avons fini par découvrir ce stratagème par lequel il s’est, jusqu’ici, fait attribuer les fonctions de Secrétaire au Bureau de l’Assemblée et de Membre de la Commission des Finances – les deux principales positions attribuées à l’UPC - qui auraient dû se répartir plus équitablement au sein de cette formation politique !

- Nous n’avons toujours pas compris qu’invité à une séance de concertation (Pièce n°5) sur cette embarrassante situation, notre camarade et collègue n’ait pas cru devoir se déranger …

- Le changement de majorité au sein de l’équipe consensuelle de l’UPC est cependant l’une des justifications majeures de la présente requête : en effet, à l’ouverture de la législature, nos camarades étaient majoritaires à deux sur trois ; ils en ont profité pour ignorer le Député minoritaire : aussi, ont-ils unilatéralement décidé de la répartition des fonctions au sein de l’Assemblée, s’attribuant ainsi les deux positions les plus significatives. Cette injustice est d’autant plus insoutenable que celui qui cumule les deux principales positions réservées à l’UPC est paradoxalement le candidat de l’UPC dont le score électoral aux législatives s’est caractérisé par un déficit de 1096 voix dans son secteur, déficit que nous autres avons dû combler pour le repêcher.

- Dans les mêmes conditions de majorité, et dans la logique du consensus - où même les fonds alloués à l’UPC par l’Etat du Cameroun se répartissent à 50% entre ses deux directions provisoires - ce serait justice qu’il nous revienne maintenant de faire des propositions au Bureau de l’Assemblée Nationale en ce qui concerne les fonctions réservées à l’UPC dans les structures de l’auguste Chambre.

III - QUE PROPOSONS-NOUS ?

Estimant que l’Honorable Pierre Sende a été Député avant nous, nous lui avons concédé le privilège temporaire de l’antériorité. Rigueur ne lui sera donc pas trop gravement tenu d’avoir manœuvré pour accaparer les deux principales fonctions reconnues à l’UPC, en réduisant ses collègues de consensus à des strapontins. Nous l’entourons même volontiers de la relative compréhension que nous témoignons à M. Kodock Augustin Frédéric qui, malgré tout, s’était à l’époque fait admettre comme tête de notre liste consensuelle.

Toutefois, si hier le fait d’être anciens Députés, deux sur les trois siégeants, avec Doyen d’âge, les a incités à nous traiter sans ménagement, aujourd’hui cette majorité a changé. Comme par hasard c’est nous, à l’inverse, qui sommes désormais deux sur les trois siégeants, et avec Doyen d’âge ! Il nous semble équitable et juste que le parallélisme des formes intervienne après trois années de cumul unilatéral par accaparement : à moins de deux ans de la fin de la septième législature, le moment est venu pour notre collègue de nous renvoyer l’ascenseur, pour que l’esprit de consensus qui a conduit l’UPC à l’Assemblée Nationale soit reconnu, revalorisé et appliqué au sein des instances de notre auguste Chambre.

En appliquant ce principe, le Bureau de l’Assemblée Nationale ne ferait du reste que consolider l’option officielle du Pouvoir Exécutif qui, en ce qui le concerne, a équitablement et fort opportunément affecté 50% des fonds alloués par l’Etat aux partis politiques à chacune des deux branches du consensus.

Bien plus, l’Assemblée ne ferait qu’appliquer son Règlement intérieur qui, en son article 12, alinéa 7, invite à s’efforcer « de reproduire au sein du Bureau, la configuration politique de l’Assemblée Nationale ». Dans le cas qui nous concerne cette configuration, pour être effectivement « politique », conduit à la prise en compte des deux orientations politiques qui fondent le bicéphalisme provisoire de l’UPC et qui expliquent qu’une liste consensuelle ait été nécessaire au sein de cette formation politique.

Il relève donc de la compétence et de l’autorité du Bureau d’aider l’Honorable Pierre Sende à reconnaître cette réalité. Car s’il avait été naturellement disposé à la comprendre, il se serait longtemps aperçu du caractère abusif et frustrant de son cumul exclusif. Sans doute aurait-il alors, le premier, exhorté le Bureau à réparer le grave préjudice que ce cumul cause à ses deux autres collègues. Mais par la récurrence de ses manoeuvres, il a transformé notre doute en conviction, puisqu’il a ignoré tous nos efforts de concertation et de conciliation. L’expérience, fort instructive, du Bureau et celle de la Commission des Finances doivent cependant bénéficier à chacune des deux orientations politiques constitutives de l’UPC à l’Assemblée Nationale.


Monsieur le Président,

Pour le Bureau de l’Assemblée Nationale, il ne s’agira donc nullement d’une quelconque ingérence dans une quelconque « dispute interne » à un parti politique - comme d’aucuns seraient tentés de le faire croire. Et puisque c’est de l’intérieur que la question est posée au Bureau, c’est sans aucun doute au Bureau qu’il appartient de s’assurer que sa composition reflète la configuration politique de la Chambre. L’Union des Populations du Cameroun n’étant pas encore d’un seul tenant s’estime fondée à obtenir que le consensus politique qui l’a fait siéger à l’Assemblée soit équitablement reconnu dans ses deux composantes par l’auguste Chambre. Notre requête n’appelle ainsi qu’une simple régularisation.

Cette régularisation est d’autant plus recommandable pour l’Assemblée Nationale que l’une des branches du consensus s’est publiquement, et officiellement fondue dans la majorité gouvernante. Il ne viendrait à personne l’idée de faire un procès à la branche qui demeure dans l’Opposition, l’Opposition étant une réalité politique que les lois et la République reconnaissent. Non seulement nos différences doivent constituer une richesse pour la démocratisation du Cameroun comme l’a opportunément souligné le Président de l’Assemblée à l’ouverture de la session de juin 2005, mais jusqu’ici, le Bureau de l’Assemblée Nationale s’est fait un point d’honneur de refléter lesdites différences, fort enrichissantes, comme une originalité politique nationale.

La branche progouvernementale de l’UPC ayant prévalu pendant plus de trois ans, l’opinion nationale estime naturel et politiquement correct que la branche UPC de l’Opposition prenne le relais, pour que l’image du Bureau continue de refléter les sensibilités politiques par une application conséquente du Règlement intérieur .

Car si d’aventure le statu quo était maintenu, le message diffusé par l’Assemblée serait qu’en dehors des apparences, l’Union des Populations du Cameroun n’est plus ni décemment, ni significativement représentée au Bureau de l’auguste Chambre ! Un tel statut de figurant, ou de faire-valoir peut avoir été une option politicienne tactique et circonstancielle; mais si une telle situation se confirmait comme choix durable, l’image que l’opinion retiendrait ne serait ni à l’honneur de la Chambre ni à l’honneur de la République, au regard des ambitions nationales de diversification des opinions et de pluralisme démocratique.

Par ailleurs, les Députés étant des Elus de la nation au-delà de tout mandat impératif, c’est aussi comme administrés d’une Chambre souveraine que nous recourons à l’arbitrage de notre Hiérarchie. Car c’est pour être confrontés à une situation d’injustice non seulement politique mais administrative que nous recourons au Bureau de notre Chambre pour compétence.


IV - CONCLUSION


Ainsi, qu’on l’aborde sous l’angle politique ou administratif, notre frustration demeure effective. La gravité de sa violence ne nous aura cependant pas empêchés d’attendre plus de trois ans pour l’exposer à qui de droit, à des fins de réparation. A cette situation politique, nous proposons une solution politique. Aussi, voudrions-nous croire qu’il ne nous sera pas opposé d’avoir patienté trois longues années et d’avoir, par modération et esprit de conciliation, concédé à notre collègue l’exclusivité des privilèges des trois cinquièmes d’un mandat collectif à l’obtention duquel son apport électoral fut tout, sauf glorieux…


Le Tableau I ci-dessous présente l’état du cumul exclusif qui nous a été brutalement imposé pendant trois années sur les cinq que compte le mandat parlementaire:



Fonction Occupée par
1
Secrétaire au Bureau de l’Assemblée Nationale

Hon. Sende Pierre

2
Membre de la Commission des Finances
Hon. Sende Pierre

3
Vice-Président, Commission des Affaires étrangères
Hon. Soundjock Soundjock

4
Secrétaire, Commission des Affaires sociales, culturelles et familiales
Hon. Charly Gabriel Mbock

Tableau I : Cumul exclusif des deux positions de choix réservées à l’UPC.


La brutalité de cette situation aurait pu inspirer de violentes répliques ; mais nous estimons qu’il ne nous appartient pas de nous faire justice, protégés que nous sommes par le Règlement intérieur et le souci du Président de l’Assemblée Nationale de faire respecter les différences au sein de notre auguste Chambre.

D’où la présente requête à votre Excellence,Monsieur le Président, à qui les Députés de l’UPC, dans leur majorité, soumettent respectueusement le Tableau II ci-dessous des candidatures rééquilibrées de l’UPC pour l’année législative 2006 :


N°s
FONCTION CANDIDAT DE L’UPC
1
Secrétaire au Bureau de l’Assemblée Nationale

Hon. Charly Gabriel Mbock

2
Vice-Président, Commission des Affaires étrangères
Hon. Sende Pierre

3
Membre de la Commission des Finances
Hon. Soundjock Soundjock

4
Secrétaire, Commission des Affaires sociales, culturelles et familiales
Hon. Charly Gabriel Mbock

Tableau II : Candidatures rééquilibrées de l’UPC pour l’année législative 2006.


Intimement persuadés que sous votre impulsion le Bureau de l’Assemblée Nationale fera droit à la présente requête et aux propositions de l’UPC par un juste arbitrage,

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre respectueuse collabora-tion .



Hon. Soundjock Soundjock Hon. Charly Gabriel Mbock




Député UPC, Doyen d’âge Député UPC


Un Cas de Gouvernance Socio Economique (Santchou)


L’UGICAES -CAMEROUN : UN CAS DE GOUVERNANCE SOCIO ECONOMIQUE


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L’UGICAES ( Union des GIC des Agriculteurs et des Eleveurs de Santchou) est née de l’échec que le Cameroun a essuyé dans l’industrialisation de l’agriculture, notamment en matière de riziculture.

Au défi des principes méthodologiques et techniques de management par objectif, une société d’Etat, la SODERIM fut créée à Santchou ( Menoua ) : une usine de luxe fut montée pour traiter 12.000 tonnes de riz. Personne ne s’était assuré qu’on en produirait le tiers. L’échec de cet éléphant blanc fut inévitable.

Un ancien ministre de l’agriculture fut désigné à la tête de la SODERIM moribonde : il était mis au défi d’implémenter les idées qu’il avait défendues (sans succès) au sein du gouvernement.

Ainsi mis en demeure de penser son action et d’appliquer ses propres théories, cet ancien ministre, Ingénieur agronome, a articulé ses connaissances et les besoins d’efficacité sur le terrain.

Pour avoir bénéficié de l’encadrement d’un homme qui avait réconcilié en lui le chercheur et le décideur, l’UGICAES compte aujourd’hui plusieurs paysans qui se font fièrement appeler « Millionnaires de la houe ».

L’UGICAES est donc un cas modélisant qui permet d’établir que :

Ø La non prise en compte des connaissances scientifiques et techniques par les décideurs expose à l’échec le projet le plus attrayant. ( SODERIM)

Ø Une gouvernance avisée des ressources humaines, techniques et scientifiques multiplie les chances de succès de tout projet, quel qu’en soit le domaine.

Ø Le handicap des moyens peut être atténué par la qualité de la gouvernance entendue comme gestion concertée des savoirs .




Prof. Charly Gabriel Mbock

Directeur de Recherche

Quelle africanité pour l'écriture littéraire en Afrique?

UNIVERSITE DE PARIS IV- SORBONNE
CENTRE INTERNATIONAL D’ETUDES FRANCOPHONES

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FIGURES TUTELAIRES ET TEXTES FONDATEURS

Colloque International
Paris, 4, 5, 6 octobre 2006

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Quelle africanité
pour l’écriture littéraire en Afrique ?






Par Charly Gabriel MBOCK
Anthropologue

Cinquante ans après le premier Congrès des Ecrivains et des Artistes Noirs tenu à la Sorbonne, toute invitation reçue de la Sorbonne par un écrivain d’Afrique pour un colloque sur la littérature contemporaine vaut interpellation évaluative au regard de certaines préoccupations fondatrices des pionniers de 1956.

Leurs multiples combats pour une libération non moins multiforme comportaient un volet culturel visible au front de la créativité artistique et littéraire qu’ils ont su lier à la valorisation des langues africaines.

Le parcours de l’écriture littéraire dans l’Afrique dite francophone présente-t-il quelques réponses à certaines de ces préoccupations quinquagénaires? Ces réponses, s’il s’en trouve, ouvrent-elles une nouvelle ère de créativité littéraire ou, de manière générale, un nouvel horizon culturel pour l’Afrique ?

En partant de la créativité littéraire, nous voudrions exprimer un souci de mémoire, esquisser une évaluation et risquer une manière de prospective.

A- TUTELLE OU TUTEURAGE ?

Rappelons-nous que les pionniers de 1956 avaient pris option de desserrer l’étau politique et culturel dont tous se savaient victimes. Ils ployaient sous la tutelle du colonisateur, formés qu’ils étaient à ne produire que des œuvres de tutelle, écrites dans la langue de tutelle et soumises à la sanction discrétionnaire de la tutelle.

Aimé Césaire (1959,118) souligne que dans la société coloniale la hiérarchie entre maître et serviteur se prolonge par une hiérarchie entre créateur et consommateur ; il fait de toute création « une participation à un combat libérateur ». De son côté, Alioune Diop soutient qu’il faut « désoccidentaliser pour universaliser». Pour sa part, Frantz Fanon stigmatise« l’oblitération culturelle ».

Pour s’être ainsi dressés contre une tutelle tentaculaire, ces pionniers auraient sans doute été les derniers à s’accommoder de l’esprit de tutelle. Il nous semble qu’ils avaient plutôt fait un choix de tuteurage, pour laisser à leurs semences la possibilité de lever. Pour eux, c’était l’une des manières de « rendre l’initiative historique » à ceux à qui le régime colonial s’était « donné pour mission » de la ravir (Césaire, op.cit)

Ces pères fondateurs ont donc explicitement situé la production culturelle au centre du combat pour la libération politique. Alioune Diop percevra entre la politique et la culture un lien qu’il affirme « naturel ». Fort de cette imbrication, il installe la création culturelle au cœur du vécu social et en conclut que « l’œuvre littéraire la plus universelle ne vaut que grâce aux hommes qui en vivent » (1959,5). Dix ans plus tôt, Cheikh Anta Diop (1948) s’interrogeant sur la renaissance africaine parlait déjà de l’oeuvre littéraire en termes « d’idées utiles à la collectivité » de l’écrivain .

Nous croyons y déceler l’esquisse d’une théorie littéraire susceptible de baliser l’écriture en Afrique noire : l’œuvre littéraire n’existerait ainsi qu’en situation, à partir des réalités humaines spécifiques et en direction des hommes qui l’ont inspirée et à qui elle parle. Car dans ce continent où tout reste à bâtir, l’écriture littéraire recherche des mots qui soient autant de truelles.

Au-delà des chapelles et des écoles, la proposition théorique ainsi esquissée nous rappelle à l’homme, à l’humain - comme terreau de toute production littéraire à vocation universelle. Il en découle qu’il n’est point d’universel qui ne se nourrisse de spécificités. En matière de culture, l’universalité est fille de particularités humaines et de spécificités sociales vécues par des hommes donnés, situés dans un espace et dans un temps donnés. Dans cette conception, le fait culturel, bien plus porteur que sa théorie, vaut son pesant d’homme par sa charge sociale.

De nombreux critiques littéraires se sont intéressés aux rapports entre la littérature et la société . Mais si le testament est bien celui des précurseurs de la littérature contemporaine en Afrique, comment les écrivains d’Afrique ont-ils assumé cet héritage? Existe-t-il des repères susceptibles de retracer un quelconque itinéraire?

B- QUELS REPERES ?

Une telle incursion évaluative est une gageure qui ne peut s’esquisser qu’à grands traits, encore que de manière injuste. Elle conduit du continentalisme au nationalisme littéraire, et annonce ce qui aurait pu être une littérature nationale - laquelle a ses exigences propres.

Les précurseurs de la littérature contemporaine en Afrique ont dû se réfugier dans le continentalisme littéraire : les terres africaines sous la tutelle coloniale n’existaient pas encore comme nations dites souveraines; et faute de se voir reconnaître un territoire, les pères fondateurs se sont constitués en symboles d’une race. Leur production s’est donc étroitement associée à la couleur qu’ils affichaient. L’Afrique ayant été méconnue comme entité géographique au seul profit de la couleur de ceux qui en sortaient, la littérature de ces « hommes de couleur » ne pouvait être qu’une littérature de couleur. Le bon sens n’a donc même plus été frustré qu’en 1974 encore, Jacques Chevrier ait cru devoir en donner confirmation en publiant Littérature nègre.

C’est que dans les représentations collectives de l’Occident, et même chez les Occidentaux instruits, « africain » signifie d’abord « noir ». Littérature « africaine » signifie littérature des Noirs : la couleur noire est le seul territoire que l’Occident consent aux Africains, la seule nationalité dont le Blanc tolère la revendication.

Une telle cristallisation de la couleur ne pouvait que révolter l’intelligence : les Noirs ont donc entrepris des recherches (historiques, linguistiques, sociologiques et chimiques) pour lever de graves équivoques et rattraper de bien dangereuses contrevérités. La Société Africaine de Culture a été créée ; son élargissement aux Noirs de la diaspora en a fait la Société Culturelle du Monde Noir. Cette dernière dénomination prouve que les Noirs eux-mêmes ont fini par s’enclaver dans leur couleur ; ils ont fini par racialiser la culture, sans doute par riposte au racisme culturel dont ils étaient victimes. Ils ont dit littérature « négro-africaine » pour désigner la littérature des Noirs. Ils ont dû opposer la culture noire à la culture blanche.

Le conflit s’est ainsi déplacé de la culture à la couleur : le déterminant « africain » ne s’est pas opposé à « européen » mais à « blanc ».

Cette dérive a été entretenue par manoeuvre politicienne : il fallait enfermer les Africains dans une globalisation par la couleur, pour ne pas leur laisser l’occasion de s’apercevoir de leurs différences culturelles, lesquelles auraient inspiré la recherche de leur unité culturelle. Les entraves farouchement opposées aux travaux de Cheikh Anta Diop confirment que loin d’être accidentel, cet enfermement dans une couleur globalisante était une stratégie mûrement réfléchie - que dire, un complot patiemment ourdi. Pour Frantz Fanon « ce qu’on cherche en englobant les Nègres sous le terme « peuple noir » c’est à leur enlever toute possibilité d’expression individuelle ».

Mais dès que le terme « africain » a commencé à renvoyer à une terre qu’on pouvait borner, exploiter et défendre contre l’envahisseur, les écrivains d’Afrique sont passés du continentalisme inoffensif au nationalisme revendicatif. Cette fois, les Occidentaux se sont bien gardé d’encourager la globalisation des nationalistes : il ne fallait surtout plus tolérer la moindre perspective de rapprochement, prémisse à une unité par laquelle les Africains auraient poussé l’envahisseur à la mer. Le changement de politique s’est fait radical : hier, l’on englobait les Africains par la couleur pour les subjuguer. Désormais, on va les distinguer par leurs spécificités culturelles, toujours pour les subjuguer. L’Afrique doit sa balkanisation à cette manœuvre politicienne d’inspiration culturelle.

C’est dans cet état de fragmentation géographique, sociale et culturelle que des indépendances relatives consenties à certains pays d’Afrique en ont fait ce qu’on a généreusement baptisé des « nations ». La question culturelle s’étant vite posée à ces jeunes « nations nègres », leurs écrivains se sont immédiatement interrogés sur le passage de la littérature nationaliste à une littérature nationale.

C- LITTERATURES NATIONALES EN AFRIQUE : QUELLES LANGUES?

Alioune Diop a conditionné l’universalité de l’œuvre littéraire par l’humain qu’elle exprime et par les hommes à qui elle parle. Si l’on admet avec lui que ce sont les peuples qui garantissent le dynamisme des œuvres littéraires, l’on comprendra pourquoi toute littérature est essentiellement tributaire de la langue des hommes et des peuples qu’elle exprime. « Parler une langue, disait Fanon, c’est assumer un monde,une culture » (1952,30). Dans un titre évocateur, La Voie royale : essai sur l’idée de peuple chez Michelet, Paul Viallaneix (1959,128) s’en doutait qui déclarait que « la vigueur d’un groupe social implique la persistance du langage qu’il a toujours parlé ; qui emprunte la langue d’un autre avoue son déclin et annonce sa perte ».

Ce constat est d’une vérité insoutenable pour les Africains dont il consigne le déclin culturel. L’indépendance culturelle, préalable à l’indépendance économique, se gagne ou se perd sur le terrain linguistique. Les multiples actions entreprises à grands frais pour convaincre les Africains de l’inaptitude de leurs langues à l’expression culturelle ne sont donc pas des entreprises philanthropiques. Leur vocation est d’entrave et non de stimulation. Ceux qui les engagent s’en doutent, parce qu’ils reconnaissent volontiers avec Alain que « qui saurait parfaitement sa langue saurait tout sur l’homme ».

L’éclosion des littératures nationales en Afrique est donc conditionnée par la production d’œuvres littéraires en langues nationales. En dehors de ce saut culturel qualitatif, l’Afrique se réduira aux littératures dites africaines, mais « de langue ou d’expression » anglaise, espagnole, française, portugaise, …alors qu’il ne vient à l’idée de personne qu’on puisse seulement concevoir l’existence d’une littérature française « de langue ou d’expression » russe, anglaise ou danoise…

Cette question n’est pas secondaire pour l’écrivain d’une Afrique qui a subi une « oblitération culturelle » sur fond de détournement ou de dévoiement linguistique. Car pour incruster sa propre langue et diligenter la déportation linguistique des Africains, l’autre a su multiplier des obstacles et amplifier des épouvantails. Or c’est toujours en fonction de la maîtrise qu’il a de sa langue que l’écrivain est reconnu, qu’il vienne d’Afrique ou d’ailleurs.

Deux exemples l’attestent.

a) - Aimé Césaire peut toujours, sans conteste, être un immense poète. Pour André Breton, il est avant tout « un noir qui manie la langue française comme il n’est pas aujourd’hui un blanc pour la manier » (Préface au Cahier…). Il semble que c’était un éloge ! Il est instructif qu’un écrivain avant-gardiste - pour l’époque - comme Breton, n’ait pu échapper au colorisme culturel. A ses yeux, Césaire même n’est d’abord ni un homme, ni un poète : c’est un Noir. Et ce Noir n’est évalué qu’en fonction de la maîtrise qu’il a et qu’il affiche de la langue qu’il utilise, laquelle se trouve être, comme de bien entendu, la langue nationale d’André Breton.

b) - Fort étonnamment, Jean Paul Sartre privilégie tout aussi la couleur et la langue. La langue de colonisation lui semble si bien maîtrisée qu’il cesse d’être vrai « que le Noir s’exprime dans une langue étrangère, puisqu’on lui enseigne le français dès son jeune âge et puisqu’il est parfaitement à son aise dès qu’il parle, pense en technicien, en savant ou en politique. Il faudrait plutôt parler du décalage léger et constant qui sépare ce qu’il dit de ce qu’il voulait dire, dès qu’il parle de lui. Il lui semble qu’un esprit septentrional lui vole ses idées, les infléchit (…) que les mots blancs boivent sa pensée comme le sable le sang » ( Orphée Noir, 1969) .

Relevons en passant que la science et la politique, valeurs alors réputées mais en fait prétendues étrangères aux Noirs, peuvent s’appréhender par l’apprentissage de la langue coloniale tout aussi étrangère. L’école y pourvoit à satisfaction pour ceux dont Césaire a su dire qu’ils « n’ont inventé ni la poudre, ni le canon ». Mais que le Noir se risque à exprimer ce qui lui est intime et personnel, qu’il s’aventure dans l’expression littéraire ou plus généralement culturelle, alors l’essentiel de ce qu’il est lui échappe.

Le drame de l’écrivain africain désireux de produire une œuvre littéraire nationale est donc un drame linguistique, à cause du vampirisme des langues qui lui viennent du Nord. Car ces langues ne s’affublent du tablier de servantes que pour laisser leur usager exsangue. L’observation de Sartre établit qu’en matière de langue, apprendre c’est se faire prendre. Il n’y avait sans doute pas mieux avisé que Sartre pour diagnostiquer l’anémie culturelle des écrivains africains.

L’on pourrait donc aisément en convenir : s’il existe déjà des productions littéraires en Afrique, il n’est pas encore établi qu’il s’agit de littérature africaine. Cette dernière, pour exister comme telle, attend d’être nourrie des littératures nationales produites en langues nationales. En dehors de cette exigence culturelle, l’Afrique aura souscrit à sa propre « émaciation » culturelle (F. Fanon, 1959,83).

Dans ces conditions, l’on se demandera longtemps si l’œuvre d’un Césaire est noire, africaine, antillaise ou française?

Sourire à cette question, c’est choisir d’oublier que personne ne se demande si l’œuvre d’un Baudelaire est blanche, ou française. Les Lettres Persanes de Montesquieu ne sont pas plus persanes que Les Lettres portugaises ne sont portugaises : elles le sont par cette valeur de fiction dont Todorov caractérise toute œuvre littéraire ; mais elles demeurent françaises par leur matérialité linguistique. La langue d’écriture scelle résolument la nationalité de l’œuvre littéraire. Pour Cheikh Anta Diop : « toute œuvre littéraire appartient nécessairement à la langue dans laquelle elle a été écrite ».

D’où la question fondatrice qu’il a posée et qui, cinquante ans après, taraude l’écrivain africain: « Pourquoi et pour qui écrivons-nous ? »





D- POURQUOI, POUR QUI ?

Cheikh Anta Diop (1981) a stigmatisé l’extraversion culturelle des écrivains d’Afrique : « c’est à un public européen qu’ils s’adressent essentiellement,(…)leur but est de briller aux yeux des Européens, tout en défendant accessoirement une cause africaine (…) De tels littérateurs concentrent tous leurs efforts à rendre leurs écrits intelligibles, non aux Africains, mais aux Européens, comme si leur but était de forcer la considération de ces derniers ; ce qui est pour le moins puéril ». A ses yeux, la langue est« à chaque stade de son évolution, un système clos qui se suffit à lui-même pour exprimer tout l’univers perçu par le sujet pensant » .

La langue s’impose ainsi comme le sang des cultures, l’encre de toute écriture à vocation littéraire. Et sauf option de vampirisme culturel, tout homme et toute femme de culture pourrait, littéralement, s’ingénier à rencontrer d’autres hommes et d’autres femmes de culture par leurs langues d’expression culturelle. Meinrad Hebga (1956,305,306) exhortait à cela, en insistant sur le caractère « irréductible » des cultures les unes par rapport aux autres. Le fait pour certains hommes et femmes de culture de ne pas connaître les langues arabo-asiatiques ou africaines ne lui semblait nullement une « supériorité », mais « une remarquable ignorance ». C’était en 1956, et à la Sorbonne, au premier Congrès des Ecrivains et Artistes Noirs.

En traduisant quelques textes scientifiques et culturels majeurs en une langue africaine, Cheikh Anta Diop (1979) a disqualifié les arguties sur l’inaptitude de langues d’Afrique à véhiculer des concepts culturels ou scientifiques. Les milieux scientifiques modernes établissent du reste qu’en matière de science et de culture, il n’existe pas de langue sans emprunt ni néologisme. L’Afrique littéraire et culturelle aurait donc tort d’espérer des langues des autres qu’elles se sabordent, ou que leurs locuteurs et féroces promoteurs se suicident par amitié pour elle.

E - UNE EXCEPTION CULTURELLE AFRICAINE ?

Pour cette Afrique régulièrement instrumentalisée dans la corrida mondiale des exceptions culturelles, écrire, décrier et s’écrier ne deviennent pas simplement synonymes : ils s’érigent en autant de mots d’ordre en impatience de concrétisation. L’exception culturelle de l’Afrique est une urgence à valoriser en manière de prospective. Ce chantier s’impatiente d’être promu par ceux des Africains qui savent encore écrire. Le tuteurage des pionniers s’impose comme la flèche à suivre, et l’objectif à réaliser par des actes matériels d’écriture littéraire en langues africaines. Il y va de l’africanité de l’écriture littéraire en Afrique (cf. Mbock, 1999).

Cette piste se justifie de ce que l’écriture littéraire n’est pas un simple exercice de style. De nombreux travaux et une pratique certaine de l’écriture confirment que « l’écriture est une fonction(…) le rapport entre la création et la société(…) le langage littéraire transformé par sa destination sociale(…) la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’Histoire » (Barthes,1953,17).

Quarante ans après Roland Barthes, Simon Battestini (1997, 383, 435) estime que « l’écrit au sens sémiotique(…) ouvre sur la notion de texture, de tissu social, de vécu d’une trame de contraintes acceptées et de chaîne de pulsions imaginatives possibles pour une culture donnée ». Toute analyse et interprétation de ce type d’écriture lui fait proposer une « mise en relations du texte linguistique avec le texte culturel ».

Tant pour sa production que pour son éclairage, toute écriture littéraire s’appréhende comme une mise en mémoire d’une société ou d’une culture. C’est comme « liberté souvenante », comme « rémanence obstinée » (Barthes, 1953,19) que l’écriture littéraire convoque la société qui l’inspire. Parce qu’elle constitue un moment de respiration sociale, l’écriture littéraire s’appréhende comme ex-pression des aspirations d’une société donnée, à une étape donnée de son évolution. On pourrait en déduire que hors société, point d’écriture littéraire.

Que dire donc du continent africain où il existe des pays sans société ? Comment taire notre angoisse d’écrivain d’Afrique ?

Si l’on admet avec Roland Barthes (1953) que «chaque régime possède son écriture», il n’est pas accessoire de s’interroger sur la nature du régime social ou sur l’état de culture de ce XXIè siècle naissant. Quel est objectivement ce régime socioculturel ? Quel pourrait-il devenir pour que la République des Lettres dont des écrivains des siècles passés avaient rêvé devienne une réalité ?

L’esprit de facilité peut céder à la faiblesse d’évacuer comme spécificité africaine la préoccupation que nous voudrions ainsi partager. Celle-ci rappelle cependant que la littérature comme valeur culturelle et linguistique est indissociable des espaces sociaux, des choix existentiels et politiques des sociétés et des peuples qu’elle exprime. Les écrivains et artistes Noirs l’ont fortement souligné en 1956. Cinquante ans après, la Sorbonne actualise cette problématique avec bonheur, à ceci près que toute source de lumière produit ses propres zones d’ombre.

En effet à bien observer les régions littéraires en présence, l’on s’aperçoit que l’Acadie, la Wallonie et la Suisse romande peuvent, en toute cohérence et conséquence, revendiquer un fédéralisme linguistique entre les différentes langues de leurs espaces sociaux, existentiels et politiques respectifs : toutes se reconnaîtraient sans trop d’efforts dans une même souche culturelle, une sorte de mère patrie linguistique. Nul ne saurait spontanément en dire autant des autres régions littéraires présentes - dont les patries linguistiques mères sont africaines, plurielles, différentes et naturellement autres que la patrie linguistique mère des autres régions.

Ce n’est donc pas la moindre des interpellations pour l’écrivain africain qui aura pris conscience que cinquante ans après le premier Congrès des Ecrivains et Artistes Noirs, il demeure difficile de désenclaver la créativité en général, la créativité littéraire en particulier – puisqu’il demeure difficile d’exorciser l’esprit de contiguïté où une certaine communauté linguistique peine à initier la moindre communication interculturelle. Tout laisse en effet craindre que nous n’ayons pu constituer que des insularités culturelles fort peu, fort mal connectées par un radeau linguistique.

N’est-il pas paradoxal qu’en pleine mouvance de la mondialisation, l’écriture littéraire du XXIè siècle s’expose au soupçon de s’inscrire et donc de souscrire au régime de l’insularité? Comment, autrement, s’expliquer cette vive impression de compartimentation au moment où le monde vit en impatience d’interaction ?


F - COMPARTIMENTALISME OU COMPARATISME ?

Sans doute est-ce par souci de clarté pédagogique que nos ateliers et tables rondes se caractérisent par la compartimentation. Nous craignons néanmoins qu’une aussi précieuse opportunité soit une activité multiculturelle mais non interculturelle.

Les régions littéraires ici rassemblées sont maintenues sous cloche, sans interaction. L’Acadie n’aura donc pas l’occasion d’exposer sur les Antilles, ni l’Afrique sur la Suisse romande, et inversement. Le Maghreb - dont on tient étonnamment à mutiler l’Afrique - n’aurait-il rien pu dire du Québec ou de la Belgique ? L’interaction culturelle aurait sans doute contribué à justifier l’usage d’une même langue.

Mais volontaire ou pas, la juxtaposition des littératures consacre une contiguïté culturelle qui confirme l’actualité et l’acuité de la lutte des pères fondateurs pour l’émancipation linguistique et l’unité culturelle de l’Afrique, en vue de ce qu’ils nommaient pompeusement - et avec trop de générosité sans doute - civilisation de l’universel.

Soucieux de voir éclore un esprit de passerelle propre à jeter des ponts - fussent-ils de simples ponts de singes - entre les cultures du monde, l’écrivain d’Afrique appelle l’avènement du comparatisme culturel sur fond d’interaction, en dépassement du compartimentalisme ambiant.

En effet, le protectionnisme culturel que ce compartimentalisme révèle tient un discours d’élargissement mais diligente des mécanismes multiformes d’inclusion par ingestion : il ne s’ouvre aux autres que pour les assimiler.

Alioune Diop (1947) dénonce ce qu’il nomme la « vocation culturelle des peuples latins : ceux-ci[dit-il] admettent volontiers que tous les hommes se ressemblent et se valent, mais dans la mesure où ils s’assimilent ( …) et en particulier renoncent à leurs propres valeurs culturelles ».

L’image de pieuvre culturelle qui s’en dégage rappelle à l’écrivain d’Afrique —quand il aurait eu la faiblesse de l’oublier — que toute langue de colonisation est colonisatrice des langues locales et nationales. Plutôt que de perpétuer cette mutilation linguistique à conséquence d’excision culturelle, un effort d’interculturalisme effectif doit pouvoir atténuer la violence avérée des exceptions culturelles qui sont l’engrais des exclusions sociales.

Un tel programme d’ouverture est une ambition à notre portée, pourvu qu’il s’abreuve de cet humanisme d’humilité qui empêche d’oublier que l’Autre existe et que nous existons par l’Autre.

Dans le monde actuel, l’écriture littéraire ne saurait, sous peine de se pénaliser, faire l’économie de l’interaction existentielle qu’enseigne tout humanisme d’humilité ; cette interaction semble seule en mesure de faire changer les signes et les paradigmes culturels actuels : elle permettrait en effet de restituer la littérature aux hommes et aux sociétés qui les inspirent, ainsi qu’aux espaces d’où elles tentent de parler à d’autres hommes, à d’autres sociétés et à d’autres espaces.

C’est peut-être ainsi que nous parviendrons, ensemble, à renverser la tendance des rendez-vous où des femmes et des hommes cultivés peuvent se croiser dans une langue de travail sans pouvoir se rencontrer dans leurs cultures respectives.

BIBLIOGRAPHIE

Anta Diop ( Cheikh ) -1979 – Nations nègres et culture, t. 2, PA.
-1981 - Civilisation ou barbarie, PA, chap.14 et 15
- 1990 -Alertes sous les Tropiques, PA.

Barthes ( Roland) - ( 1953)- Le Degré zéro de l’écriture … Paris, Gonthier

Battestini ( Simon) – 1997- Ecriture et Texte, Contribution africaine,
PUL et PA.
Breton ( André) - Préface au Cahier d’un retour au pays natal

Césaire ( Aimé) – 1959 – « L’homme de culture et sa responsabilité »,
in PA, n° 24-25 fév. – mai

Diop ( Alioune) –1957- « Le sens du Congrès », Discours d’ouverture,
in PA n° XIV-XV, juin - sept.

Fanon ( Frantz) – 1959 – « Fondement réciproque de la culture nationale et des luttes
de libération », in PA,n° 24-25, fév - mai 1959

Hebga ( Meinrad) – 1957- “ Une seule pensée, une seule civilisation”, PA,
n° XIV-XV, juin - sept.
Mbock (Charly Gabriel) –1999- Le Chant du signe, essai d’anthropologie de l’orature,
chap. X et XV, Nouvelle Orléans, PUNM.

Sartre (Jean Paul) - « Orphée noir », in Situations, tome III, Gallimard.

Viallaneix ( Paul) – 1959 – La Voie royale, essai sur l’idée de peuple dans l’œuvre de
Michelet, Paris, Delagrave

lundi 12 mars 2007

Lettre à mon Corps Diplomatique


Excellence,

En vous présentant mes sincères compliments, je vous serais reconnaissant de ne pas vous formaliser de la voie, fort inhabituelle, suivie pour la présente initiative.

Un drame de gouvernance, politique et moral, se prépare sournoisement depuis quelques mois dans la vie politique du Cameroun. Ce drame est porteur de germes de tragédie sociale. Il s’observe dans la manière dont l’Administration Territoriale entrave le fonctionnement légal de certaines formations politiques. Pour ne pas abuser de votre disponibilité, je me limiterai à l’Union des Populations du Cameroun, (UPC) parti politique connu dans le monde grâce à la lutte qu’il a menée pour l’indépendance du Cameroun.

Depuis sa création en 1948, l’UPC subit toutes sortes de brutalités administratives et judiciaires, l’administration du Cameroun indépendant ayant activement, et assidûment, pris le relais de l’administration coloniale. Ces pratiques récurrentes et instinctives sont devenues une culture au sein des administrations successives. Tant et si bien qu’en cette veille des consultations électorales, le Ministre en charge des élections tient, d’autorité et par abus de pouvoir, à consolider les brutalités d’hier en attribuant aujourd’hui l’UPC à un autre Ministre d’Etat, au seul prétexte que ce dernier a fait allégeance au pouvoir en se ralliant au Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais (RDPC), le « parti » au pouvoir.

Nous nous serions gardé de déranger votre Excellence si cette attribution exclusive d’un patrimoine politique collectif à un individu s’était un tant soit peu appuyée sur les lois et les tribunaux de la République - comme cela se serait fait dans tout pays soucieux de bonne gouvernance. Mais l’on relève qu’une fois encore, les lois et la justice sont bafouées dans notre « Etat de droit » parce qu’il s’agit d’entraver l’UPC et de l’empêcher d’aller sereinement aux élections.

En effet, il existe de cette formation politique une Direction légale et légitime, élue au Congrès des 13 et 14 avril 2002 à Yaoundé. Des décisions de justice ont confondu pour défaut de qualité celui qui croyait pouvoir la contester devant les tribunaux: par l’ordonnance de Référé n° 713/C du 10 mai 2002 du Président du Tribunal de Première Instance de Yaoundé, le Tribunal soulignant

« - que outre l'intérêt et la capacité, la condition pour être admis à ester en justice est la qualité
- que Augustin Frédéric Kodock ne justifie pas de la sienne,
a statué publiquement, contradictoirement à l'égard de toutes les parties, en matière de référé et en premier ressort a déclaré l'action d'Augustin Frédéric Kodock "irrecevable", l'a renvoyé à mieux se pourvoir, a mis les dépens à sa charge ».

Après avoir ainsi perdu son propre procès, l’intéressé a cru pouvoir se servir de l’OAPI pour s’y faire subrepticement attribuer « la propriété intellectuelle » de l’UPC. Il s’est donc fait délivrer un récépissé de « propriété » exclusive. Mais une fois éclairée sur le fait que M. Kodock ne tenait aucun mandat de la Direction élue et légitime de l’UPC, l’OAPI s’est désolidarisée de cette manœuvre pour le moins frauduleuse par lettre n° 5784/0API/DG/DPG/SCAJ/SSD du 23 Novembre 2006 adressée à M. Henri Hogbe Nlénd, Secrétaire Général élu de l’UPC.

Or c’est du document indûment obtenu de l’OAPI par M. Augustin Frédéric Kodock que M. le Ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya s’est précipitamment prévalu dans ses injonctions à la Préfectorale pour affirmer que « le conflit de leadership qui existait au sein de ce parti politique (…) vient d’être réglé par l’arrêté 03/1491/0API/DG/DPG/SSD/HYK du 10 novembre 2003 du Directeur Général de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), portant protection des sigles et insignes de l’UPC et reconnaissant monsieur Augustin Frédéric Kodock et maître Nouga comme seuls mandataires de cette formation politique ». Pour ne rien faire à moitié, et toujours sur la base de ce document frauduleusement obtenu de l’OAPI, le Ministre d’Etat Marafa a ordonné aux autorités administratives du Cameroun «de n’autoriser à l’avenir que les seules demandes de réunions et manifestations publiques initiées par monsieur Augustin Frédéric Kodock pour le compte de l’UPC ». (cf. Lettre n° 000682/L/MINATD/DAP/CES du 09 Mars 2004).

L’oukase de M. Marafa, prononcée au mépris des décisions de justice pourtant en sa possession, est demeurée secrète jusqu’en 2006. Elle a fait interdire la tenue du Congrès statutaire de l’UPC convoqué à Yaoundé les 14 et 15 décembre 2006, au profit d’un « autre congrès » non statutaire convoqué par M. Kodock dans un hôtel de la place les 30 et 31 décembre 2006 - lequel s’est curieusement tenu en l’absence, pour tout dire à l’exclusion des deux tiers des Députés UPC !

Fort de son droit, la Direction légitime de l’UPC a intenté un procès en Référé d’heure en heure à l’imposture. Ce procès ouvert le 27 décembre2006 à effet d’interdire ce pseudo congrès n’a toujours pas connu de verdict… quatre mois après. Une référence pour un référé !Un autre procès au civil ouvert le 25 janvier 2007 à effet de disqualifier le principe même de la convocation dudit « congrès » traîne de renvoi en renvoi depuis trois mois. Rien n’interdit que le déni de justice ainsi instrumenté se prolonge jusqu’au lendemain des élections.

En effet d’un côté M. Kodock tire gloriole de ses « entrées » dans les tribunaux de la République. De l’autre l’Administration Territoriale « se prononce » dans la presse en se substituant à la justice, sans doute pour influencer l’issue des procès en cours. A l’évidence, le gouvernement du Cameroun ne croit même plus devoir dissimuler ses réflexes de malgouvernance, ici officialisés par sa détermination à délocaliser l’UPC en la livrant à une opposition choisie, constituée de personnages acquis au RDPC. L’observateur le plus neutre en vient à se demander en quoi le Pouvoir RDPC se croit tenu de compromettre le peu qu’il lui restait de crédibilité en s’encombrant d’«alliances » aussi impopulaires - où le faire valoir des divers figurants exhale un méchant parfum de corruption politique. Les déclarations sur la bonne gouvernance, faites la main sur le cœur, suggèrent que le gouvernement souscrive à l’existence d’une opposition franche, aussi nette que le commande le principe d’alternance. Nous en sommes encore bien éloignés, le pouvoir s’étant frileusement crispé sur la nécessité de corrompre la scène politique nationale pour survivre malgré ses insuffisances.

Excellence,

Ce pouvoir a grandement besoin de votre caution morale. Le Corps diplomatique a donc été invité sous bruyante médiatisation à visiter une exposition d’ordinateurs offerts par les Partenaires du Cameroun. Vous aurez donc vu des ordinateurs et enregistré des propagandes. Sans doute le Ministre en charge des élections vous a-t-il aussi expliqué comment il a entrepris de piéger le processus électoral avant même la convocation du corps électoral, lui qui a brutalement pris parti contre des décisions de justice favorables à l’UPC pour, en leurs lieu et place, favoriser son « allié » de collègue. Mais peut-être estime-t-il en secret que cette nouvelle agression administrative suffira à bâillonner la justice et à décourager la légalité républicaine, comme il est souvent déploré dans nos autocraties tropicales ?

Chaque fois que ses frasques l’embarrassent le gouvernement, en toute autocratie, sait toujours affirmer qu’il « n’a de leçon de gouvernance à recevoir de personne ». Il n’hésite cependant pas à mobiliser le Corps diplomatique accrédité au Cameroun quand il espère que ses maquillages administratifs et politiques lui permettront d’extorquer de bonnes notes aux Diplomates. La réalité peut donc bien être que le gouvernement se moque intimement de ce que le Corps diplomatique peut penser de sa gouvernance de façade, puisqu’à l’entendre, le pouvoir ne sert que si l’on en abuse.

Il restera alors à prendre acte, et à constater l’insidieuse hostilité du gouvernement aux efforts que la Communauté internationale déploie pour que des élections libres et transparentes puissent enfin s’organiser au Cameroun. Il nous semble en effet que vos efforts visent à épargner à nos populations des turbulences sociales tragiques que d’autres peuples ont douloureusement expérimentées. Quelle garantie de transparence et de sérénité le Ministre chargé des élections croit-il encore pouvoir donner si, d’entrée de jeu, il se complaît dans la collusion décriée plus haut ?

Ce n’est donc pas spontanément que le discours sur la liberté et la transparence des élections trouvera un début d’application au Cameroun. Que ceux qui protestent de leur bonne disposition veuillent bien dire s’il suffira toujours d’être membre du gouvernement pour s’arroger le droit de bafouer l’autorité de la chose jugée, quand la justice est rendue au nom du peuple ? Quelle crédibilité administrative un gouvernement croit-il pouvoir gagner lorsqu’il empêche opiniâtrement un parti politique de jouir de la légalité et de la protection que la Justice lui a reconnues ? De quelle gouvernance un tel régime espère-t-il convaincre l’opinion quand de simples correspondances administratives priment sur la loi et les décisions de justice ?

Le Ministre d’Etat Kodock ayant, le 2 décembre 2006 à Matomb, exhorté ses assujettis à utiliser leurs machettes le moment venu – et son incitation à la violence ayant été largement diffusée sur les antennes de la CRTV le 04 décembre 2006, le Député que je suis s’est cru le devoir civique de tirer sur la sonnette d’alarme quant à ces manières de faire susceptibles de déclencher des tragédies humaines. Quand on sait de quelle sanglante efficacité les machettes ont été au Rwanda, de telles incitations au carnage étonnent d’un Ministre d’Etat. Bien plus, elles démentent les assurances de paix sociale que le Gouvernement - dont ce ministre planifie et programme les actions - a présentées à la Communauté internationale. Faut-il toujours attendre qu’un incendie se déclenche pour chercher où se vendent les extincteurs ?

Convenons que les Ministres d’Etat impliqués dans cette inqualifiable besogne n’auraient pas trouvé mieux pour ternir l’image de transparence que le Cameroun espérait donner au monde à l’occasion du double scrutin en préparation. Mais l’Union des Populations du Cameroun a survécu à pire. Les élections n’étant qu’une étape ponctuelle dans la vie nationale, l’UPC saura survivre à cette nouvelle concussion dont le gouvernement n’a pas à se glorifier.

Excellence,

Nous avons pris la liberté de vous informer de l’infection qui gangrène les préparatifs de ces élections en nous prévalant d’une excuse : le monde moderne a évolué de la diplomatie des Etats vers la diplomatie des Peuples. C’est pourquoi au-delà de la représentation de l’Etat de votre pays auprès de l’Etat du Cameroun, votre Excellence représente tout son peuple auprès du peuple du Cameroun. Il se trouve que de par la constitution de ce pays, le Parlementaire que je suis représente tout ce peuple comme Elu de la nation. A cause de ce redoutable privilège, il ne suffira à personne d’entre nous d’être représentant : il nous faudra encore être représentatif de ce que nos peuples respectifs ont d’honorable et de valorisant.

Face à une administration en quête de caution par déficit de crédibilité et pour cause de malgouvernance, le diplomate et le parlementaire se rencontrent dans une noble obligation: prendre la parole certes, éventuellement délivrer des satisfecit, mais toujours au seul nom du Peuple qu’ils représentent. C’est dans cette conviction partagée d’honorabilité et de représentativité que je me suis adressé à mon Corps diplomatique, presque à mon corps défendant.

Car si votre Peuple vous a mandaté auprès de mon Peuple aujourd’hui en mal de démocratie et de bonne gouvernance, c’est sans doute parce que votre Peuple attend de vous, son mandataire, ce qu’il sait que mon Peuple attend de lui comme Peuple ami : le soulagement de ses souffrances et la levée des manœuvres de malgouvernance comme celle que nous signalons à votre vigilante bienveillance. Ce serait un indicateur probant au regard des promesses gouvernementales de liberté et de transparence électorales.

En vous renouvelant mes compliments je vous prie d’accepter, Excellence, ma très haute et bien respectueuse considération.



Hon. Charly Gabriel Mbock
Député UPC à l’Assemblée Nationale